Aérogare: le projet d’agrandissement passe à 20 millions $
Les soumissions reçues pour l’agrandissement et la rénovation de l’aérogare ont été plus élevées que prévu. Alors que la plus récente estimation financière du projet se chiffrait à 15,5 millions $, dont 35% serait assumé par le gouvernement fédéral, 35% par la Ville et 30% par le gouvernement provincial, les soumissions reçues ont plutôt pointé vers des montants d’un peu moins de 20 millions $.
Cet écart dans le coût s’explique notamment par l’augmentation des coûts associés à certaines matières premières, au traitement des matières dangereuses, dont l’amiante, à la certification LEED souhaitée, qui amène un lot d’instabilité pour l’entrepreneur, ainsi que les frais de financement qui sont passés de 1% à 5%.
La rareté de la main-d’œuvre et la disponibilité de la sous-traitance contribuent également à la hausse des coûts, tout comme le choix de la Ville de conserver le bâtiment patrimonial existant.
Le projet prévoit que l’aérogare actuelle soit rénovée pour accueillir une salle d’attente sécurisée et une salle multifonctionnelle. Le nouveau bâtiment qui sera construit accueillera, de son côté, le restaurant, des bureaux administratifs, l’accès à la piste et un entrepôt.
« Cette aérogare est un élément clé du développement aéroportuaire. On veut générer de nouveaux revenus pour assurer la pérennité des infrastructures, diminuer le déficit de la Ville en regard des opérations aéroportuaires, accroître la richesse foncière de la Ville grâce à l’utilisation de nouveaux terrains par nos clients et augmenter le nombre d’emplois de qualité, détaille Pierre-Luc Clément, directeur général de l’Aéroport de Trois-Rivières. Le bâtiment actuel a été construit en 1963 et a un indice de vétusté de 48%, l’un des plus élevés à Trois-Rivières. La faible superficie nous empêche de répondre aux besoins des clientèles pouvant générer des revenus réguliers pour l’aéroport. »
Des revenus pourraient notamment être dégagés du côté des frais d’atterrissage, des types d’appareils plus importants qui pourraient utiliser l’aéroport, du profit sur la vente d’essence, du service de dégivrage, des frais de stationnement et de la location de terrains. Innovation et Développement économique (IDÉ) Trois-Rivières soutient qu’il y a un marché intéressant à développer en tant que desserte régionale pour les mines dans le nord du Canada. Ce marché offrirait une régularité et des appareils intéressants.
Trois scénarios envisagés
La Ville a déjà entamé des discussions avec les gouvernements fédéral et provincial pour s’assurer du maintien de leur quote-part, malgré la hausse des coûts. Le fédéral a confirmé sa participation de 35% au projet, conditionnellement à l’accord du provincial d’aller dans le même sens. Les discussions avec le gouvernement du Québec se poursuivent.
Compte tenu de la hausse des coûts, trois scénarios ont été présentés aux conseillers municipaux.
Le premier consiste à maintenir la portée actuelle du projet, la seule option intégrant une augmentation de la capacité d’accueil permettant d’étendre les services à une plus large clientèle. Pour un projet révisé avoisinant 20 M$, la Ville bénéficierait de subventions allant jusqu’à 13 millions $. La contribution municipale serait d’environ 7 millions $, soit 1,6 M$ de plus que les estimations précédentes.
De cette somme, la moitié serait puisée à même le fonds existant pour le développement économique. D’autres fonds provenant du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation et du ministère de la Culture et des Communications, pour la partie patrimoniale, pourraient aussi être utilisés. L’impact sur la dette à l’ensemble des citoyens serait de 200 000$.
Le second scénario propose une version réduite du projet, sans l’augmentation de la capacité d’accueil requis par les besoins des marchés ciblés pour respecter l’enveloppe budgétaire initiale de 15,5 millions $, pour un investissement de 5,4 millions $ de la Ville.
Ce scénario présente toutefois certains risques puisque les plans et devis devraient être revus et qu’il n’est pas impossible que le coût des travaux réalisés plus tard puisse être de nouveau en hausse. Des craintes concernant le risque de perdre les subventions gouvernementales ont aussi été émises si le projet ne respecte pas l’échéancier prévu.
La dernière option serait de se limiter à la réfection de l’aérogare actuelle, sans amélioration majeure ni agrandissement. Dans ce scénario estimé à 5,1 millions $, la Ville ferait une croix sur la majorité des subventions et assumer environ 4,5 millions $ à elle seule. L’administration municipale estime une économie de 900 000$ avec ce scénario.
Le conseil municipal de la Ville de Trois-Rivières a été saisi d’un avis de motion et du dépôt de projet de règlement en vue de la réévaluation de l’enveloppe budgétaire pour l’agrandissement et la rénovation de l’aérogare lors de la séance du 18 avril. Les élus devront bientôt se prononcer sur le scénario privilégié.
Si les conseillers choisissent de maintenir le projet tel qu’il est présentement en dépit de l’augmentation des coûts, la Ville souhaiterait octroyer le contrat de construction au plus bas soumissionnaire en juin.