30 000 repas, 3 cuisiniers, 1 cause
Ce sont plus de 30 000 repas qui sont servis annuellement au Centre Le Havre grâce au travail de Louise Marchand, Éric Caron et Stéphane McKenzie. Derrière les fourneaux, ces trois cuisiniers s’activent pour offrir un peu de réconfort aux hommes et aux femmes en situation de rupture sociale.
Dans ses efforts pour prévenir l’enracinement de l’itinérance et favoriser l’inclusion sociale, le Centre Le Havre sert en moyenne 35 dîners et 25 soupers par jour. Ce sont tous des repas équilibrés comprenant une soupe, une salade ainsi qu’un repas principal avec des protéines et légumes.
En cuisine, Mme Marchand, M. Caron et M. McKenzie s’alternent pour répondre aux besoins sept jours sur sept. Leur travail, bien au-delà de la préparation des repas, demande aussi de l’écoute et de la compassion. Ils travaillent tous pour la même cause.
« Je suis ici depuis douze ans, lance fièrement Mme Marchand. Auparavant, j’ai travaillé dans une colonie de vacances chrétienne et j’ai fait du remplacement un peu partout en CPE. Mais quand j’ai vu passer l’offre d’emploi pour le Centre, la cause me parlait. Je voulais travailler au bien-être des gens qui m’entourent. C’est ce qui m’a attirée au départ et c’est ce qui fait en sorte que je suis encore ici. »
« On a à coeur qu’ils mangent bien et qu’ils soient réconfortés, renchérit cette dernière. C’est pour ça que je suis là, parce que je veux que tout le monde ait ce petit moment de bonheur dans sa journée. C’est le contact aussi avec les gens. Quand ils mangent bien, ils nous le disent. Ils sont contents. Et ça, ça compte pour moi. »
Donner au suivant
Employé en cuisine depuis plus de dix ans, Éric Caron est d’abord arrivé au Centre comme résident. « J’avais un gros problème de consommation dans le passé, raconte-t-il. J’ai réglé ça et je donne au suivant maintenant. Mon expérience m’aide à tisser des liens facilement avec les gens qui viennent ici. Je les comprends, j’ai été à leur place. »
Il a signé son contrat en 2012, après avoir travaillé au Centre comme bénévole pendant quelques années. « J’ai fait la vaisselle pendant presque trois ans et après, j’ai commencé en cuisine avec d’autres tâches, dit-il. J’aime que ce ne soit pratiquement jamais pareil. Je suis motivé à entrer au travail parce qu’on voit qu’on fait la différence. Je suis un exemple pour eux. Ce n’est pas parce qu’on a une embûche que notre vie est finie. »
De son côté, M. McKenzie est cuisinier depuis 33 ans. Il a travaillé dans différents endroits avant d’atterrir au Centre Le Havre, il y a près de trois ans. Au départ, il devait simplement remplacer M. Caron pendant son congé de paternité. Mais ce qui devait être temporaire commence à prendre racine tranquillement.
« Louise est en pré-retraite, elle fait donc moins d’heures. C’est moi qui comble la différence. C’est un travail que j’aime pour plusieurs raisons. J’aime la cuisine, j’aime l’endroit et je m’adonne bien avec le monde. J’ai un bon contact avec les gens qui passent par ici. C’est valorisant de travailler pour une cause comme celle-là », confie-t-il.
Les trois cuisiniers du Centre Le Havre peuvent aussi compter sur l’aide précieuse de Gilles Gagné, un bénévole qui vient leur donner un bon coup de main une journée par semaine.
Une différence au quotidien
Les repas servis, en plus d’être une source de réconfort, sont aussi un atout pour l’équipe d’intervenants du Centre. « Avec le temps, on s’est rendu compte que d’augmenter la qualité des repas (ingrédients, recettes, etc.) faisait en sorte qu’on a plus de facilité à intervenir auprès des gens par la suite », mentionne Maude Hébert, directrice des finances au Centre Le Havre.
« Quand la personne mange bien et suffisamment, elle se sent bien et satisfaite. Ça aide beaucoup les intervenants dans leur travail », ajoute Mme Hébert. Cette dernière remarque que les personnes sortant de la cuisine après avoir dégusté un bon repas sont généralement plus ouvertes aux interventions.
Annuellement en cuisine au Centre Le Havre
– Trois cuisiniers et un bénévole
– 5 395 déjeuners
– 12 735 repas à l’hébergement d’urgence
– 8 760 repas à la stabilisation (immeuble juste à côté)
– 1 540 soupers au refuge
– 1 915 repas pour emporter remis à des externes
– 60 boîtes de dépannage
– Coût de la nourriture : environ 90 000 $