Le portrait de Churchill a été volé par un «professionnel», selon le Château Laurier
OTTAWA — Le célèbre portrait de Winston Churchill qui a été dérobé d’un des salons du Château Laurier, à Ottawa, aurait été volé quelque part entre Noël de l’année dernière et le 6 janvier.
L’hôtel a lancé un appel au public lundi afin de récolter des informations lui permettant d’élucider le mystère de la disparition de la photo originale, trois jours après que des employés ont remarqué que la photo n’était pas accrochée correctement. Un examen plus approfondi a permis de confirmer que le portrait accroché était en fait une copie.
Les photos prises par des clients à l’intérieur du salon de lecture de l’hôtel démontrent que l’original était toujours accroché le 25 décembre, mais une photo prise à peine 12 jours plus tard indique qu’il avait alors été remplacé par la copie.
La célèbre photo a été prise en décembre 1941 par le photographe Yousuf Karsh lors de la visite de Churchill au Parlement canadien.
Karsh a vécu au Château Laurier et y a installé son atelier pendant près de 20 ans. Une collection de 15 de ses portraits, tous accrochés aux murs, est exposée dans le Reading Lounge et dans la suite Karsh.
Selon la directrice générale de l’hôtel, Geneviève Dumas, il faut utiliser des outils spéciaux pour retirer le cadre, «donc le voleur savait ce qu’il faisait».
«C’est un professionnel, c’est certain. Je passe devant ce cadre chaque jour et je le montre aux invités. Jamais je n’aurais pu dire que c’était une copie», a-t-elle assuré en entrevue avec La Presse Canadienne.
La succession du photographe a pu confirmer que le cadre et la signature sur le portrait accroché récemment n’étaient pas originaux.
Le portrait, présentant Churchill regardant tout droit la caméra, a aidé à lancer la carrière de Karsh.
Le photographe a raconté avoir attendu après le «discours électrisant» de celui qui était alors premier ministre britannique devant la Chambre des communes pour prendre une photo, mais que Churchill a «grogné» qu’il n’avait pas été informé.
Le premier ministre a refusé de poser son cigare — et c’est ce qui s’est passé ensuite qui a permis d’immortaliser la célèbre pose.
«J’ai fait un pas vers lui et, sans préméditation, mais avec beaucoup de respect, je lui ai dit: « Pardonnez-moi, monsieur » et j’ai arraché le cigare de sa bouche», explique le photographe dans un passage de son site Web.
«Le temps que je revienne à ma caméra, il avait l’air tellement agressif qu’il aurait pu me dévorer. C’est à cet instant que j’ai pris la photo.»
Le portrait a été ajouté au billet britannique de cinq livres en 2016, 14 ans après la mort du photographe.
Le Château Laurier espère recevoir encore plus de photos afin de fixer avec plus de précision le moment du vol, ce qui pourrait aider les enquêteurs à déterminer comment le portrait a été dérobé et par qui.
Au moment du vol, l’hôtel était relativement peu occupé en raison des restrictions sanitaires imposées pour freiner la vague de la pandémie alimentée par le variant Omicron.
Mme Dumas a donc invité les personnes qui ont séjourné au Château Laurier ou qui l’ont visité pendant ces 12 jours à envoyer toutes les photos qu’ils possèdent du Reading Lounge.
Elle demande également à tous les acheteurs potentiels d’être à l’affût.
«Si quelqu’un a essayé de vous vendre une photo de Winston Churchill, c’est peut-être la nôtre.»