Le courage sans frontières d’une mère et sa fille

Iryna Datsenko et sa fille Marynka, 11 ans, sont deux forces de la nature. Arrivées au pays en mars, ces ressortissantes ukrainiennes font preuve d’un courage immense et d’une grande force d’adaptation. Dans leur ville d’adoption, à Trois-Rivières, Marynka a intégré la classe de francisation de l’école Sainte-Thérèse et Iryna suit des cours de français au Cégep. Elle débutera d’ailleurs dans quelques semaines son nouvel emploi au Centre cardiovasculaire de la Mauricie. 

« La guerre en Ukraine a commencé à 5h du matin, le 24 février 2022. À 7h du matin cette journée-là, ma fille, notre chien Sweety et moi avons quitté notre maison dans l’espoir d’y retourner deux jours plus tard, raconte Iryna. On habitait à Kyiv. Les premières attaques étaient très près de l’endroit où on habitait, alors on est allé chez des amis dans une autre ville près de Kyiv. »

Lorsqu’elle a réalisé que le conflit persistait, Iryna s’est tournée vers des amis militaires qui les ont aidées, sa fille et elle, à prendre un train pour Lviv, une ville près de la frontière polonaise. « Il y avait beaucoup de monde et plusieurs étaient debout. Le voyage a duré environ 15 heures, se souvient-elle. On est resté un jour à Lviv avant de traverser la frontière à pied. Ça nous a pris six heures. »

En Pologne, elles ont fait la demande d’un visa, qu’elles ont reçu 25 jours plus tard. Le 29 mars, elles sont finalement arrivées à Montréal. « Plusieurs mères comme moi ont dû faire la même chose : prendre leurs enfants et quitter leurs proches en Ukraine. Plusieurs de nos hommes ont changé de profession et sont devenus des soldats. Presque tous mes amis sont à la guerre. Mon frère aussi est là, à se battre. C’est difficile pour moi de les savoir là-bas. Je prends ça un jour à la fois », confie Iryna.

Un nouveau chez-soi

C’est à Trois-Rivières qu’elle a choisi de s’installer pour prendre un nouveau départ. « Ma cousine Alina, son mari Benoit et leurs trois enfants vivent ici, précise-t-elle. Alina est arrivée au Québec il y a six ans. Avec son aide, on a pu venir au Canada. On fait partie des premiers Ukrainiens qui sont arrivés à Montréal avec le programme CUATE, mis sur pied spécialement pour les Ukrainiens. Ma cousine m’a aidée à remplir tous les papiers nécessaires pour avoir un permis de travail, pour les études et pour l’assurance maladie. »

Parallèlement à cela, Iryna a contacté les services d’immigration. « J’y ai rencontré une gentille personne, Denise Loranger, qui m’a accompagnée dans tout le processus et qui était constamment en contact avec moi, mentionne-t-elle. Elle a été d’une grande aide et j’ai vraiment senti son support. Grâce à elle, j’ai connu le SANA Trois-Rivières. Ces gens m’ont aidée à inscrire ma fille à l’école Sainte-Thérèse. Ils nous ont aidées à nous adapter. Un merci spécial à Jasmin Comeau-Périgny du SANA. »

Du marketing au domaine de la santé

C’est d’ailleurs grâce au SANA qu’Iryna a rencontré le docteur Ying Tung Sia, cardiologue, et Virginie Milette, directrice du Centre cardiovasculaire de la Mauricie. « J’ai su en avril que j’allais avoir un emploi comme assistante du docteur Sia. Le SANA m’a donné le contact du docteur Sia en me disant qu’il était à la recherche d’employés, relate Iryna. J’ai postulé, on s’est rencontré et on a parlé de mon futur travail. Je vais pouvoir commencer après mon cours de francisation, qui se termine en septembre. »

Ces neuf dernières années, en Ukraine, elle travaillait pour une compagnie internationale qui effectuait des recherches en marketing pour des clients comme Nestle, McDonald’s et Coca-Cola. Elle était chargée de projet. Elle s’occupait d’établir le premier contact avec le client jusqu’à la présentation finale. 

Apprivoiser le français, pas à pas

Dans l’attente de débuter son nouvel emploi, Iryna poursuit ses cours pour apprendre le français au Cégep de Trois-Rivières. Ceux-ci ont commencé en juillet et se termineront le 23 septembre. Il s’agit de cours de soir d’une durée de trois heures, du lundi au jeudi.

« Notre professeure est Sarah Yergeau. C’est une gentille, intelligente et souriante femme qui rend notre apprentissage facile et intéressant, souligne Iryna. On est 22 personnes dans la classe. De ce nombre, on est cinq de l’Ukraine, dont moi et deux membres de ma famille – Oksana et Sofia, qui sont arrivées au Canada peu de temps après ma fille et moi. »

Quant à Marynka, elle s’adapte tout aussi bien que sa mère. Elle est même plutôt douée pour parler le français. « Je peux dire comment je m’appelle, mon âge, que je viens de l’Ukraine et que j’apprends le français. J’aime lire et j’aime jouer avec mon chien Sweety », s’exprime-t-elle avec clarté et aisance. Au rythme où elle évolue à l’école, elle terminera son primaire l’an prochain.  

Nul doute qu’Iryna et sa fille sont de beaux exemples de courage, de détermination et de résilience. Si elles arrivent à si bien s’intégrer dans leur nouvelle ville, c’est en grande partie grâce à toute l’aide reçue ces derniers mois. 

« Je pense que je suis forte parce que j’ai beaucoup de soutien. J’ai eu l’aide de plusieurs personnes depuis mon arrivée, entre autres, de ma cousine Alina et sa famille. Je remercie chaleureusement toutes les personnes qui nous ont accueillies et aidées », termine Iryna. 

Les propos dans ce texte ont été traduits de l’anglais au français.